Il était affligeant pour quelqu'un comme Evangeline de voir sa colocataire corporelle ne rien trouver de mieux à faire que de traîner d'un bout à l'autre d'un couloir en se creusant inutilement la cervelle.
Hedwige, tel était son nom, passait ses journées à se remettre en doute et à stresser pour un rien. Dans le fond, il y avait de quoi, car si elle avait refait surface, Voldemort était toujours dehors à l'attendre au prochain coin de rue...
Mais il n'était pas à Poudlard. Alors pourquoi était-elle aussi nerveuse ?
C'était tout simple. Depuis son arrivée - plus que douteuse -, elle jouait un rôle. Sa vie n'avait été qu'un immense théâtre rempli d'illusions et de mensonges, pourquoi ne la continuerait-elle pas ainsi ?
De toute évidence, elle ne pouvait dire platement la vérité. Elle se voyait difficilement se diriger vers Harry pour lui annoncer qu'en plus que sa chouette était bel et bien une animagus, il aurait fallut lui avouer le pourquoi : Voldemort.
Elle s'imaginait déjà la tête qu'il ferait à l'idée d'une descendance. Elle le comprenait. Un Voldemort tout seul était déjà amplement suffisant; et elle ne pouvait guère affirmer ne pas constituer un danger elle-même.
Surtout avec cette pleine lune tant redoutée qui se rapprochait à grand pas...
Et puis, il y avait aussi le regard des autres.
Qui ne tournerait pas la tête dans un couloir en voyant une fille de son âge avec des cheveux blancs ?
Couleur assez particulière qu'elle a mainte fois tenté d'effacer sous quelques artifices. Mais rien n'y a fait; toutes les teintures du monde pouvaient glisser sur sa chevelure sans que jamais celle-ci ne s'en imprègne.
De plus, le simple fait d'être une serpentard ne faisait qu'augmenter les soupçons des autres.
S'ils savaient pourtant combien elle avait pu être effondrée de la nouvelle... Serpentard. La maison où son père est allé. La maison que son ancêtre a fondée.
Et si elle prenait le même chemin que Voldemort... ? De toute sa vie, cette pensée n'a cessé de la hanter.
De toute les choses qui peuvent l'effrayer, celle de devenir comme lui est la pire de toute.
Et elle savait très bien qu'en plus de cela, cette probabilité se réalisait... Lentement... Mais sûrement...
Evangeline, la maison des Serpentards, et maintenant cette attitude froide et désinvolte à l'égard des autres, totalement stupide mais seule échappatoire dans laquelle elle peut se plonger.
La perspective de mal tourner n'avait de cesse de la torturer.
C'est pourquoi, depuis un certain temps d'ailleurs, elle ne cessait de songer à Harry en avançant de long en large sur ce même couloir.
Harry, le seul ayant jamais fait battre son coeur, il était le seul moyen... son seul espoir... Sans lui, elle ne pourra être sauvée.
Il n'y avait que l'amour capable de la maintenir encore dans la lumière. Mais est-ce que cela durera bien longtemps... ? Harry n'avait-il pas déjà dédié son coeur à quelqu'un... ?
